l’hymne dogmatique ou enthousiaste jusqu’à l’élégie, on pourrait comparer quelques chants de douleur, comme la plainte de David, à la mort de Saül et de Jonathas :
« Ô gloire d’Israël tuée sur tes montagnes, comment sont tombés les vaillants ?
On a entendu mes gémissements ; et il n’est personne qui me console ; tous mes ennemis ont entendu mes douleurs ; et ils ont grande joie, ô Dieu, que tu m’affliges ainsi.
Ne portez pas cette nouvelle à Gaza ; ne la publiez pas dans les rues d’Ascalon. Que les filles des Philistins n’en aient pas la joie ! qu’elles ne triomphent pas, les filles des incirconcis !
Ô montagnes de Gelboë, que sur vous ne tombent plus la rosée ni la pluie ! »
Ce délire qui se prend à tout, s’irrite contre les lieux, contre les choses insensibles, se retrouve dans la poésie grecque. Ainsi, dans quelques restes d’un vieux chant guerrier, le poëte s’écriait :
« Hélas ! hélas ! aride et perfide coteau ! quels hommes tu nous as tués ! Valeureux soldats et nobles citoyens, qui montrèrent alors de quels pères ils étaient nés[1] ! »
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Αἴ, αἴ ! Λειψύδριον προδωσέταιρον,
οἵους ἄνδρας ἀπώλεσας, μάχεσθαι
ἀγαθούς τε καὶ εὐπατρίδας,
οἵ τότ’ ἔδειξαν οἵων πατέρων ἔσαν.
Poet. lyric. græc., ed. Bergk, p. 872.