Aller au contenu

Page:Villemin - Sonnets d’outre-tombe, 1877.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
4
sonnets d’amour

UN JOUR DE PLUIE



Une briſe de mai chantait ſur les eaux vives :
C’était le jeune amour, beau, ſouriant, vermeil ;
Cependant une pluie obſtruait le ſoleil ;
L’oiſeau pêcheur allait ſ’ébattant aux deux rives.

L’averſe ondoyait l’air, et les feuilles craintives
Se repliaient, dormant un vague et doux ſommeil ;
Jour brumeux, qui pour moi fut un jour de réveil. —
Une briſe de mai chantait ſur les eaux vives.

La terre était mouillée et le ciel était gris ;
L’hirondelle, raſant le lac, pouſſait des cris ;
Les poules d’eau fuyant verſaient le jonc qui ploie ;

Madame, au noir réſeau de vos cils, j’étais pris ;
J’en ai vu rejaillir l’aube où le cœur ſe noie ;
Et les arbres ſur nous pleuraient des pleurs de joie.