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LE TEMPS

naissance, la chute prochaine dont elle étoit suivie.

Au milieu de cette charmante décoration, le Prince & les Princesses firent attention à un spectacle qui les saisit d’effroi, sans comprendre ce qu’il signifioit. C’étoit un Temps d’un aspect épouvantable ; il paroissoit maigre, languissant, revêtu de lambeaux, & cependant il n’en avoit pas l’air plus humble, au contraire, la fureur éclatoit dans ses yeux débiles, & il étoit entouré de serpents qui lui rongeoient le sein ; ils lui virent saisir plusieurs des plus brillants habitants de cette jeunesse tumultueuse, qu’il enleva du milieu de leur asyle, en leur faisant traverser d’un vol rapide tous les âges suivants, sans s’arrêter que dans celui de la misérable caducité, les privant même des douceurs dont cet âge peut être susceptible.

La Patience apprit aux Spectateurs ce que signifioit cet enlevement, & leur dit que ce Temps déplorable, tenant ces miserables étroitement embrassés, leur faisoit faire mille affreuses morsures par les remords, qui, sous la forme de serpents, leur servoient de bourreaux, en punition de l’usage imprudent qu’ils avoient fait de leur précieuse jeunesse.

L’Hymen n’étoit point banni absolu-