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ET LA PATIENCE.

nourrir les fruits de leurs amours, ils oublioient ces sons charmants qui font l’ornement de la belle saison. Le Temps laborieux ne quittoit point cet asyle ; & ceux qui refusoient de s’y soumettre, en étoient punis par le pauvre Temps, qui, les saisissant promptement, exerçoit sans pitié contre eux une rigueur qui leur faisoit cruellement payer leur paresse.

Merille & ses parents ayant parcouru cet Eté de la vie, en sortirent pour entrer dans celui de l’Automne ; ils commencerent à s’appercevoir alors, qu’au-lieu que jusqu’à cet âge ils avoient été en montant, la pente retournée les faisoit descendre & glisser fort vîte. Ce lieu étoit à peu près semblable au Pays de l’Eté ; mais ils y trouverent de plus, le repentir qu’inspire le Temps perdu : plusieurs en étoient accablés ; d’autres, encouragés par la prudence, travailloient à réparer le mauvais usage qu’ils avoient fait des dons de la nature, ou de ceux de la fortune, & réussissoient encore.

Les murs étoient d’un pourpre clair ; mêlé de verd sombre, & les plaisirs avoient un air plus grave que dans les autres. Ces ornements différents étoient effacés dans le côté de la sortie, par le voisinage du Pays de la vieillesse, où les Automnistes