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ET LA PATIENCE.

exposés, & qui alors n’ont de ressource que dans le recours que leur offre la Patience, mais ils s’y vouent involontairement, & trop tard pour en tirer un avantage fort doux.

Par-delà le Pays du vieux Temps, il en est encore un plus mauvais, c’est celui de l’âge caduc ; tout y est peint en feuilles mortes & dans un goût antique ; on n’y trouve que des crachoirs, des béquilles & des lunettes de toutes figures.

Les hommes & les femmes y sont de mauvaise humeur ; ce lieu est entouré de brouillards (ombres & humides, qui en éloignent jusqu’à l’ombre de la santé, & qui y donnent à tout un air plus dégoûtant que le mal même ; la paralysie & l’accablement y triomphent. Ces infortunés Habitants, qui, dans les autres âges, n’ont pas eu la précaution de se former un trésor de force d’esprit, & qui n’ont point cultivé soigneusement les impressions d’éducation qu’ils ont reçues dans leur jeunesse, n’ayant aucunes ressources, sont plus à plaindre qu’il n’est possible de l’exprimer : ceux sur-tout qui, abusant de leurs biens, ont, dans les âges précédents, poussé les plaisirs au-delà des bornes de la sage modération. Ces impru-