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ET LA PATIENCE.

Une sœur ! dit avec surprise le Prince d’Angole ; hélas ! nous ignorons si nous en avons, & je ne connois de parent que le Prince que vous voyez, qui de même ne connoit que moi. Nos infortunes, ainsi que notre amitié, nous unissant autant que le sang dont nous sortons… Oui, mes chers freres, vous avez une sœur, s’écria Merille, en les embrassant tour à tour ; c’est cette malheureuse Princesse qui a causé vos désastres, ainsi que ceux dont notre Pays est accablé ; mais qui, malgré la part qu’elle y a, en étant innocente, n’a pu balancer, lorsqu’elle a appris votre infortune, à s’exposer à toutes sortes de dangers pour chercher l’occasion de vous prouver la douleur qu’elle en ressent, & pour partager vos malheurs, préférant cet état à celui d’être tranquille dans un Palais, dont sa naissance vous avoit chassés injustement.

Les Princes d’Angole furent sensiblement touchés de l’excellent naturel de leur sœur ; cet excès de tendresse les porta à lui en prodiguer les témoignages les plus sinceres, & leurs caresses mutuelles retarderent les honnêtetés qu’ils devoient à Benga & à Balkir, qui, ayant toujours conservé son déguisement, parut à leurs yeux sous l’apparence d’un