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ET LA PATIENCE.

falloit tenir pour arriver à Bengal, personne ne nous la put enseigner. Plus nous marchions, plus nous nous écartions ; en sorte que, rebutés de ces travaux, nous en abandonnâmes le projet, & prîmes le parti de rester au premier lieu qui nous paraîtroit commode pour y faire notre habitation. Il y avoit encore une difficulté, jointe à celle de la fatigue, qui nous rebutoit du voyage ; c’étoit la fin de la bourse que l’on nous avoir donnée. Le trésor qu’elle contenoit étant des plus médiocres, étoit presque dissipé, malgré l’attention que nous avions eue à le ménager ; ce qui rendoit pour nous l’asyle plus difficile à trouver, n’osant nous flatter de rencontrer quelqu’un assez généreux pour ne nous point faire un crime de notre indigence. Cependant, comme la difficulté étoit égale à continuer de voyager sans argent, ou à chercher un lieu propre à nous procurer quelque repos, il ne nous fut pas possible de nous déterminer, & nous fûmes obligés d’attendre du hazard ce qu’il décideroit pour nous.

Dans une telle situation, aussi douloureuse qu’incertaine, continuant toujours notre marche, nous arrivâmes auprès de cette maison, dont le simple aspect nous fit espérer, que si la riche superfluité n’y