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LE TEMPS

Où voulez-vous aller, mes jeunes Seigneurs, nous dit-il ? pourquoi chercher ailleurs ce que peut-être vous ne trouveriez pas avec tant de facilité, & qui ne vous fera point accordé d’aussi bon cœur ? J’avoue, ajouta-t-il, qu’en partant d’ici, vous n’y laisserez que le pauvre Temps, mais il y est accompagné de la Paix ; & une connoissance passable d’Astrologie, que je possede, m’apprend que vous courrez risque de trouver un Temps plus fâcheux, si vous méprisez celui qui regne en ce lieu : ainsi, continua-t-il, en nous tendant affectueusement les mains, confiez-vous à moi ; vous connoîtrez que ma longue expérience me rend propre à vous donner des conseils qui ne vous feront pas désavantageux.

La franchise dont cet homme généreux s’expliquoit, nous engagea d’accepter ses offres ; &, sans lui faire un mystere de notre triste destinée, nous lui apprîmes sans déguisement notre naissance & nos malheurs.

Je prends part à vos infortunes, nous dit-il, d’un air touché, d’autant que je ne suis point dans une situation où je puisse vous dédommager de vos pertes : j’acquiers en travaillant le simple nécessaire. J’ai défriché cette campagne, & il y a