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LE TEMPS

pour dissiper cette tristesse, redoublant mes soins, afin que la splendeur des fêtes que je lui donnois, causât ce changement.

L’impatience où j’étois de la posséder, ne fut pas capable de me faire oublier les intérêts de mon fils. Je crus devoir lever toutes les difficultés qui naissent souvent entre les enfants d’un premier lit, & une belle-mere ; & me défiant de ma propre foiblesse, pour en prévenir les effets, je voulus ériger l’apanage de mon fils en Royaume, y ajoutant tout ce que j’avois donné autrefois à son frere, moyennant quoi, il étoit du moins aussi puissant que moi.

Loin de s’opposer à l’exécution de mes desseins, la Princesse y applaudissoit avec joie, & la part qu’elle y prenoit, sembloit dissiper la douleur secrete dans laquelle elle étoit plongée ; mais il n’en étoit pas de même de celui en faveur de qui je me dépouillois. Tout retentissoit de chants d’allégresse, tandis que mon fils, à qui cet événement importoit le plus, y paroissoit insensible ; & même, loin que ces préparatifs lui inspirassent de la joie, il sembloit qu’ils redoubloient son goût pour la solitude. Il fuyoit tout le monde, sous le prétexte de la chasse, & sortoit tous les jours, ne rentrant que