Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 1.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
151
ET LA PATIENCE.

été faits pour mes noces, servissent aux siennes.

Cependant il se rencontra un obstacle du côté où je n’en avois pas prévu. Ce fut de la part de l’Ambassadeur du Roi de Golconde, qui s’y opposa formellement, en déclarant, au nom de son Maître, qu’il auroit consenti avec joie à donner sa fille à mon héritier avec l’espoir de me succéder ; mais, puisque c’étoit pour moi-même que je l’avois demandée ; qu’il n’étoit plus possible qu’elle donnât la main à un Sujet, après avoir pris des engagements qui la devoient rendre femme d’un Roi.

Ce contretemps imprévu nous chagrina tous également : j’avois pris mon parti ; & quoique mon amour ne fût pas éteint, je m’en étois allez rendu le Maître, pour être touché de la peine de ces amants.

J’envoyai un Ambassadeur faire cette nouvelle proposition au pere de la Princesse, mais la réponse fut conforme à celle que son Ministre m’avoit déja faite. Je restai quelque temps incertain du parti que je devois prendre ; &, sans être tenté un moment de suivre le penchant flatteur qui sembloit devenir une nécessité, j’épuisai mon esprit en expédients pour lever