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ET LA PATIENCE.

avez faite de quitter Angole, vous ait pu servir de leçon, ni vous préserver de commettre cette seconde faute. Vous ne voulez tirer aucuns fruits du passé. La réflexion que vous y faites, ne vous empêche pas de courir à une nouvelle indiscrétion : le bon Temps qui vous aimoit alors, vous avoit invitée à rester dans son Palais ; vous avez également méprisé ses offres & ses avis : il en est irrité. Ne pensez pas, quoiqu’il vous ait fourni le moyen de voir vos freres, que cette action soit un bon office qu’il ait voulu vous rendre, ni un témoignage de sa bonté ; au contraire, je vous avertis que c’est pour vous punir, puisque vous ne sauriez désavouer que vous êtes bien moins à votre aise ici que vous n’avez été dans son Empire : cependant vous n’avez rien de mieux à faire que d’y rester ; car si vous en sortez, un Temps encore plus mauvais vous attend ; vous ne pouvez l’éviter, & je suis certain que vous regretterez ma cabane.

Je ne veux pas, continua ce sage Solitaire, voyant que son discours avoit mis la véritable image du désespoir dans les yeux de ses Auditeurs, vous dire que votre malheur sera éternel : non, ne le craignez pas, il cessera, mais ce ne pourra