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LE TEMPS

ils étoient ? où ils alloient ? & d’où ils venoient ?

Almenza, comme le plus âgé, prit la parole ; & ne jugeant pas à propos de se découvrir à ce rogue questionneur, avant de savoir quelle étoit son intention, lui répondit qu’ils étoient tous cinq enfants d’un Marchand de Bengal, & que leur pere ayant perdu une de ses filles, avoit consulté les Dieux du Pays pour en savoir des nouvelles : à quoi leur Prêtre lui avoit répondu, qu’elle seroit perdue pour toujours, à moins qu’il ne l’envoyât chercher par le reste de sa famille ; ajoutant que la tendresse qu’ils avoient tous pour cette sœur, les avoit fait mettre en voyage avec joie ; mais qu’ayant été rencontrés par des brigands, qui leur avoient pris leurs chevaux & leur argent, ne leur laissant que des habits de qui la simplicité leur ôtoit l’envie de se charger, ce contre-temps les avoit mis hors d’état de continuer ce voyage sans avoir reçu quelques secours, qu’ils espéroient de la générosité du Seigneur auprès de qui leur bon dessein les avoit conduits.

Cela suffit, leur dit séchement celui à qui ils parloient, vous avez besoin de repos, vous en pourrez prendre ici : après quoi, nous aviserons à ce qu’il faudra