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ET LA PATIENCE.

parer à tomber sous la puissance du plus terrible des Temps, d’où je ne vous retirerai qu’après que vous aurez enduré des tourments si cruels, que vous vous imaginerez qu’ils auront été éternels.

Ce songe uniforme produisit un effet qui le fut de même, & qui les éveilla tous à la fois, dans l’émotion qu’il leur causoit. Ils se le réciterent, & furent encore plus épouvantés, parce que cette circonstance ne leur permettoit pas de prendre l’apparition pour l’effet d’une vapeur sans autres conséquences ; ils ne purent douter que ce ne fût une suite du courroux où le Temps étoit contre eux, & que ce ne fût lui-même qui le leur eût témoigné de la sorte ; ce qui fit que ces menaces les affligerent au dernier point.

Ils conclurent d’essayer à l’adoucir par leur obéissance & par leur soumission aux conseils de la Patience, qui revint à leur première demande. Les amoureux, Benga & Kuba, n’y trouvoient aucunes difficultés ; la présence de leurs Princesses les rendoit dociles aux leçons qu’elle leur offroit, parce que ces leçons n’alloient pas à les éloigner des objets de leur tendresse. Almenza seul n’étoit point satisfait de cette nécessité, qui retardoit pour lui le bonheur de voir la charmante Zelima.