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LE TEMPS

présentoit, son air délicat lui faisant juger qu’elle ne tiendroit pas à la rudesse de ce travail, il la mit avec Merille à celui de nettoyer les étables & les écuries, y ajoutant le soin de ses troupeaux, & des autres ouvrages, qui, pour être moins pénibles que celui dont il avoit chargé les Princes, ne laissoit pas d’être très-fatigant pour de jeunes Princesses qui n’y étoient point accoutumées.

Elles sentirent une extrême douleur en voyant quelle étoit leur destinée ; les Princes accablés sous un si rude travail, avoient encore la mortification d’être traités d’une maniere honteuse, & les coups de courroies ne leur manquoient pas plus qu’aux moindres esclaves, lorsque l’excès de leur lassitude les forçoit à prendre quelques moments de repos, outre celui qui leur étoit accordé.

Le désespoir de se voir dans un tel esclavage, les auroit forcés à s’en délivrer par une prompte mort, si la Patience ne les avoit pas encouragés, en leur rappelant leur songe, & les prédictions au Roi Solitaire, par lesquelles on promettoit une fin à leurs peines. Ses soins les engageoient à s’y soumettre avec plus de tranquillité ; & la secourable Vertu poussa ses bontés jusqu’à les solliciter de faire