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ET LA PATIENCE.

ment : mais elle leur causa une vive inquiétude ; car au-lieu de rouler suivant le mouvement qui lui avoit été donné pour l’éloigner du rivage, elle dirigea sa course en bondissant, & en allant toujours du côté d’où ils étoient venus, leur faisant appréhender d’être obligés de retourner sur leurs pas, & d’aller ainsi au-devant de leur malheur.

Cependant la nécessité presqu’indispensable leur en fit courir les risques. Ils la suivirent en tremblant. Cette peine redoubloit à chaque instant, voyant tous les jours qu’ils la lançoient vainement d’un autre côté, & qu’elle reprenoit sans cesse la route du Palais des marbres. Leur terreur augmenta encore à la vue d’une si dangereuse maison, parce que la façon dont ils en étoient partis ne leur laissoit pas à douter qu’une cruelle réception ne les y attendît ; ils penserent abandonner cette fatale boule & prendre un autre chemin ; mais les Princes d’Angole, qui connoissoient la science du sage Roi, se rappellant qu’il leur avoit prédit que leurs malheurs finiroient après bien des travaux, encouragerent les autres à se laisser conduire, sans perdre, par leur timidité, le fruit de tant de peines qu’ils avoient déja endurées, & sans savoir si cette impru-