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LE TEMPS

sirer la préférence ; mais chacun se flattoit de faire plus de diligence que les autres, pour venir secourir celles qu’ils aimoient : & comme ils avoient les mêmes raisons à alléguer, ne pouvant convenir de leurs faits, pour ne point faire de mécontents, ils tirerent au sort.

Le sort tomba sur les Princes d’Angole, & Benga resta chargé de la garde des Princesses, tandis que les Députés, sortant de la forêt, marcherent au hazard, du côté où elle paroissoit moins sombre, & où elle leur laissoit une plus prompte espérance de trouver un but à leurs desirs.

Ils ne furent point déçus dans leur espoir ; car à peine avoient-ils perdu de vue les Princesses & Benga, qu’ils apperçurent un Château magnifique. Ce spectacle ranimant leur courage, ils se hâterent d’y arriver, & au bout d’une heure, ils s’en virent à la porte.

Elle étoit fermée : une telle précaution leur fit concevoir quelque crainte que l’on n’y fût pas plus favorable aux Etrangers, que dans le Palais d’où ils s’étoient sauvés ; néanmoins ils surmonterent cette appréhension, ainsi que le souvenir de ce qu’ils avoient souffert à la maison des marbres. Le besoin pressant leur ayant représenté qu’il ne pouvoit leur rien arri-