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LE TEMPS

toit à ses regards, il leur signifiât l’ordre d’un exil à plus de cinquante lieues hors du Royaume, & qu’il les fît obéir à l’instant, avec défense de se rapprocher des frontières d’Angole, sous peine de la vie, avant qu’il y eût quinze ans d’écoulés. La chose fut exécutée exactement. Les Princes furent conduits à l’endroit marqué, sans qu’il leur fût possible d’apprendre quel dessein on avoit sur eux, & si cette aventure devoit finir d’une façon funeste ou avantageuse.

Cependant toutes ces précautions n’étoient pas suffisantes pour tranquilliser la Reine, dont l’ambition ne pouvoit être satisfaite ; elle voyoit avec une extrême douleur, que ses projets sur le Trône de son Epoux, étoient presque détruits, puisque, supposé qu’elle eût un fils, il resteroit sujet, & elle, par conséquent, avec un vain titre, sans aucune autorité ; qu’elle seroit même obligée de veiller à la sûreté & à la grandeur des légitimes Successeurs, la fortune de son fils étant attachée à la leur. Ces circonstances lui faisoient envisager plus de douceur à espérer de donner la vie à une Princesse, sur la tête de qui elle se flattoit de faire passer sa Couronne, & de la joindre à toutes celles que lui promettoit sa destinée ; ce qui la détermina à