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ET LA PATIENCE.

cesse qui nous est chere, nous avons résolu, mon frere & moi, de la chercher par toute la terre, plutôt que de l’abandonner aux mains d’un indigne ravisseur, ou aux funestes accidents qui pourroient lui arriver ; & nous sommes partis secrétement de Bengal, pour éviter les obstacles que le Roi notre pere auroit peut-être mis à ce dessein ; étant résolus, si nous avons le bonheur de la rencontrer, de ne la point exposer de nouveau aux persécutions de la Reine ou de son frere, mais de nous rendre à Angole, afin de solliciter la Souveraine de ce Pays de la protéger, & de lui donner asyle jusqu’à un temps plus favorable, où le Roi cessera d’avoir assez de complaisance pour son épouse, pour contraindre la Princesse à cette indigne alliance. La Reine d’Angole qui a de la vertu, ne nous refusera pas cette grace ; elle a, dit-on, une fille charmante, auprès de qui nous espérons que notre sœur jouira d’un doux repos, en attendant le changement que nous desirons. Le Roi de Bengal, poursuivit ce Prince, nous aime tendrement, & quoiqu’il n’ait pas eu la force de refuser à sa femme ce qu’elle exigeoit de sa complaisance, nous sommes presque certains que le regret de la perte de ma sœur, & celui