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LE TEMPS

une provision assez considérable d’or & de pierreries, pour être en état de ne manquer de rien, en quelque lieu où ils tournassent leurs pas. Ce n’étoit que pour marcher plus secrétement qu’ils alloient seuls & à pied, ayant suffisamment de quoi voyager à grand train s’ils avoient voulu ; mais trouvant plus sûr d’aller à petit bruit, ils s’étoient simplement précautionné d’une makouke chacun, d’où, sans embarras, ils tiroient tout ce qui leur étoit nécessaire.

Comme ils étoient prévenus qu’ils auroient quelques jours de chemin à faire dans ce Pays, qui étoit presque désert, ils avoient redoublé la charge de leurs vivres, en ayant pris pour une semaine. Merille, fort heureuse de ce qu’ils avoient eu plus de prévoyance qu’elle, en profita de tout son cœur. Après avoir fait un repas aussi bon que le lieu & le temps le lui pouvoit permettre, elle consentit à se mettre en chemin. Ils partirent, accompagnés de la Patience, dont le secours les soulageoit extrêmement : ils traverserent cette solitude en peu de jours, & arriverent enfin dans une belle campagne, qui leur parut fort habitée. Ce fut là qu’ils délibérerent sur le parti qu’ils prendroient. Merille, contente de l’expérience qu’elle