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LE TEMPS

cepta leur compagnie, mais se sentant prévenue en leur faveur par un mouvement qu’elle attribua au sang qui les unissoit : Princes, leur dit-elle, vous me paroissez trop vertueux pour que je ne me reprochasse pas comme un crime si je vous faisois un plus long mystere de mon nom & de ma naissance ; c’est moi qui suis cette Merille, auprès de qui vous auriez souhaité mettre la Princesse votre sœur, & qui, loin de pouvoir donner l’asyle que vous vouliez aller chercher chez elle, est elle-même errante & fugitive, expiant, quoiqu’innocente, le crime & le malheur que l’injuste ambition de sa mere a répandu sur la Maison Royale d’Angole.

Alors elle leur conta tout ce qu’elle avoit appris de la vieille Esclave, comme aussi la résolution qu’elle avoit prise de ne point retourner dans ses Etats qu’elle n’eût trouvé ses freres, & l’intention où elle étoit de suivre leur sort, n’y voulant absolument rentrer qu’avec eux, étant juste, disoit-elle, qu’elle partageât les maux dont elle avoit été cause : elle ajouta qu’elle profiteroit avec joie de la douceur de leur compagnie, mais à condition que la Patience voudroit bien les accompagner ; ne trouvant pas convenable à une jeune personne de voyager seule avec deux hom-