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LE TEMPS

lui dit-il : Balkir a tort assurément, mais non pas comme un téméraire qui manque au respect qu’il doit à vos attraits ; ce n’est que comme une jeune Princesse dont la gayeté s’exerce à vous donner de l’inquiétude ; les libertés qu’elle a osée prendre auprès de vous, étant autorisées par le privilege du beau sexe, & par l’égalité de condition : en un mot, Balkir est ma sœur.

Cet éclaircissement ayant tout d’un coup dissipé le courroux dont Merille étoit possédée, elle le tourna vers Balkir, en lui tendant les bras : Ah ! malicieuse Princesse, lui dit-elle d’un air gracieux, pourquoi m’avez-vous donné tant d’inquiétude ? & pourquoi ne vous êtes-vous pas fait connoître plutôt ? Balkir s’excusa sur la crainte qu’elle avoit eue qu’en apprenant son sexe, Merille ne désapprouvât son déguisement & son voyage.

Quant au motif du déguisement, reprit Merille, je présume que vous avez eu des raisons qui vous y ont engagée ; mais par l’appréhension que vous témoignez que je blâme votre voyage, je juge que vous désapprouvez le mien. En effet, poursuivit-elle, avec une petite rougeur, j’avoue qu’il n’y a pas eu de prudence à moi de l’entreprendre ; mais, pour ma justifica-