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ET LA PATIENCE.

mais conduisez vos pupilles à mon Palais, qu’ils m’y attendent, je ne tarderai pas à m’y rendre ; & en votre faveur, aimable Vertu, je ferai tout ce que je pourrai pour les secourir : ils se trouveront bien de vous suivre ; c’est vous qui me forcez souvent à devenir propice, quand tout concourt à me rendre mauvais : mais, poursuivit-il, que ne ferois-je pas pour une amie telle que vous ? Adieu, dit-il, en continuant son cours, à revoir ; je puis revenir, mais je ne puis me fixer, c’est à ceux qui me trouvent à profiter des instants fortunés que je leur présente.

Tandis qu’il parloit, il sembloit immobile aux voyageurs, & chacun d’eux pensoit en lui-même qu’il s’arrêtoit beaucoup à leur dire qu’il ne pouvoit s’arrêter ; mais ils connurent la vérité de ses paroles en le perdant de vue, & ils s’apperçurent qu’il étoit déja loin, lorsqu’ils le croyoient à peine arrivé.

Profitons de la conjoncture, leur dit la Patience ; & sans faire des efforts inutiles pour le suivre, il vaut mieux aller l’attendre à son Palais, ou plutôt à son Empire ; nous y serons avant lui, si nous marchons sans nous rebuter. Benga & les Princesses étoient déja extrêmement fatigués ; mais, encouragés par leur Con-