Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 1.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
83
ET LA PATIENCE.

seroient mortes de frayeur : mais elle les encouragea & les obligea d’attendre, sans partir de leurs places, un moment où il parût de la gayeté sur son front terrible. Enfin, la face du Temps, par la révolution qui lui étoit naturelle, ayant repris un air serein, la Patience profita de cet heureux instant, & l’abordant avec respect : Souverain Monarque de l’Univers, lui dit-elle, voici mes compagnons, qui, s’abandonnant à ma conduite, recherchent vos faveurs avec empressement ; c’est moi qui les ai encouragés à cette démarche, & qui les ai flattés d’un succès avantageux ; m’en dédirez-vous, en leur refusant un secours propice que je vous demande, & que leurs vertus méritent ? Aurai-je la douleur de leur faire expérimenter que je me suis vantée mal-à-propos d’avoir près de vous un pouvoir dont ils éprouveroient la foiblesse ?

Non, illustre Patience, vertu héroïque, qui seule méritez ce beau nom, reprit vivement le Temps, ne craignez pas de leur avoir fait une promesse vaine ; je ne suis point accoutumé à résister à vos soins ; vous savez que je vous accorde ce que je refuse souvent à des vertus, qui, pour être plus éclatantes, ne sont pas aussi solides que vous.... Mais je ne puis