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LE TEMPS

voûte fleurie, dont la vue & l’odorat étoient également enchantés. On s’appercevoit d’avoir franchi ce passage, par la différence des fleurs, qui, précédemment en boutons, étoient alors dans leur beauté.

La rose, le jasmin, & les plus brillants ornements de la nature composoient cette charmante architecture, tout y respiroit la joie & l’amour. Si les Habitants de ce beau séjour n’avoient pas tous également la beauté régulière, l’éclat & les agréments de la jeunesse ne laissoient pas de les rendre aimables ; & une vive émulation de plaire y étoit l’unique sujet de leur attention. Les toilettes, la parure, les jeux, la danse & les spectacles faisoient leur continuelle occupation.

Plusieurs Temps se disputoient la Souveraineté de cet Empire, on y voyoit triompher alternativement le Temps charmant & le Temps dangereux. C’étoit ce dernier qui l’emportoit le plus souvent, quoique sa puissance fût partagée entre les Temps favorables ou inconstants, qui étoient souvent troublés par le Temps malheureux & par celui de la honte. Ces derniers tiroient leur pouvoir de l’Imprudence, de l’Amour, de Bacchus, de Momus, & de la Coquet-