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ET LA PATIENCE.

fut à peine descendue de son char, qu’elle fit appeller la maîtresse du lieu pour s’en informer.

Cette femme entra à l’instant avec une contenance fort triste. La Princesse en fut touchée, & lui demanda ce qu’elle avoit, parce qu’il paroissoit qu’elle venoit de pleurer : mais, sans attendre sa réponse, suivant sa vivacité ordinaire, elle lui demanda du même ton, ce que l’on disoit de la Reine, si elle étoit toujours sous la tyrannie de Mouba, ce que faisoit Merille, & s’il ne se trouvoit point assez de Sujets zélés pour les affranchir de la domination de ce Tyran ?

Hélas ! belle Dame, dit cette femme, en recommençant à verser des larmes, qu’il ne lui fut pas possible de contraindre, cette Reine infortunée, dont vous me parlez, est dans ce même instant le sujet de ma douleur ; c’est le danger évident où elle est, qui cause les pleurs que vous me voyez répandre : elle touche à sa derniere heure, & le jour qui luira demain, sera le dernier de sa vie. Enfin, elle doit périr par le feu dans la grande Place d’Angole.

A ces mots, Merille fit un cri ; &, se laissant tomber sur le lit où elle étoit assise, elle s’évanouit. Benga, qui ne s’éloi-