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LE TEMPS

épuisés, qu’il fallut enfin lui apprendre cette perte : elle en fut sensiblement touchée. L’embarras que lui causoit Mouba ne fut pas capable de suspendre sa douleur, elle aimoit chérement cette Princesse ; les peines où elle se trouvoit plongée, en étoient de sûrs garants, puisqu’il n’y avoit pas eu d’autres motifs de ce qu’elle avoit fait, que l’intérêt de sa fille.

La politique étoit encore conforme à sa tendresse dans la douleur que lui causoit ce fatal accident, puisque comme mere, elle étoit vivement touchée de la perte de la Princesse, & son affliction, comme Reine, n’étoit pas moins bien fondée. Appréhendant que ce fâcheux contretemps ne devînt funeste à sa grandeur, & que le perfide Bonze ne s’en prévalût pour la perdre, cela l’obligea de défendre à tous ceux qui savoient ce malheur, de le publier ; ce n’étoit pas sans sujet qu’elle ressentoit cette crainte, puisqu’il étoit homme à profiter de tout, dans l’occurrence présente où il tramoit une intrigue pour terminer ses desseins avec éclat, ce qui ne tarda pas à arriver directement dans ce même temps.

Etant parvenu aux arrangements qu’il lui avoit fallu faire pour gagner le Conseil & les Grands qui avoient quelque