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ET LA PATIENCE.

sentoit ; & de plus, il avoit une ressemblance si parfaite avec Merille, qu’il n’auroit pas eu besoin d’un autre motif pour qu’elle s’affectionnât tendrement à lui. Cette Princesse ne se lassoit point d’admirer ce caprice de la nature ; & la perte de sa fille entremêlant d’amertume le plaisir qu’elle prenoit à le considérer, elle ne pouvoit jetter les yeux sur lui, sans répandre des larmes. Le jeune homme, de son côté, comblé de ses bontés, ne s’affectionna pas avec moins de sincérité & de respect que son beau-pere, au service d’une si bonne Maîtresse, dont les malheurs, la lui rendoient encore plus chere, joignant à l’attachement respectueux qu’il devoit à sa Reine, les sentiments les plus tendres d’un fils pour sa mere & pour sa bienfaictrice.

Il ne la quittoit presque point ; &, partageant ses peines, il la soulageoit en tout ce qui dépendit de lui, avec tant de succès, que personne ne réussissoit mieux à soutenir son courage abattu. Elle voyoit avec plaisir que les soins qu’il prenoit pour elle, n’étoient pas infruvtueux, car sa prudence, que la grande jeunesse où il étoit, n’empêchoit pas d’être parfaite, le rendant aussi pénétrant qu’attentif, il devint la garde la plus sûre qu’eût la Reine ;