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LE TEMPS

Le repas dura assez pour que les convives eussent le temps de se rassasier à leur aise ; & lorsque leurs nouvelles conquêtes se furent apperçues qu’ils ne mangeoient plus, l’intérêt qu’elles prenoient déja au repos de ces charmantes personnes, leur fit penser qu’ils en avoient besoin. Ce cher intérêt l’emportant sur le plaisir qu’ils avoient à les voir, ils les inviterent à aller goûter la douceur du sommeil, & les conduisirent eux-mêmes dans des appartements commodes, non pas dans l’ordre où la bienséance l’auroit exigé, mais chacun selon son goût. Broukandork accompagna Merille, qui, malgré lui, engagea un de ses freres à la suivre, & Faramine fut elle-même montrer à Balkir le lit qui lui étoit destiné, mais son frere & Kuba ne les quittant point.

Ces hideux époux se voyant séparés, cesserent de se gêner avec les charmants objets de leurs amours, qu’ils accablerent de discours obligeants ; & Balkir, qui, malgré ses chagrins, avoit un extrême penchant à se divertir de tout, étoit enchantée des douceurs que lui disoit Faramine, dont elle voyoit bien l’erreur, n’ignorant pas qu’elle ne devoit qu’à son habit toutes les galanteries qu’elle en recevoit.