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LE TEMPS

achever d’appaiser le Peuple, & le détacher de l’affection qu’il venoit de faire paroître pour sa Reine, lui persuada que cette aventure ne venoit uniquement que de la barbarie qu’elle avoit eue en poignardant celui qu’il avoit envoyé vers elle, pour la solliciter respectueusement de lui accorder la Princesse sa fille. Il réussit par ce stratagême, & chacun se retira ; mais il n’en demeura pas plus tranquille, en jugeant qu’il n’obtiendroit jamais cet objet de ses vœux par la force, ce qui le porta à essayer si la douceur ne lui procureroit point un succès plus favorable.

Il prit donc un air respectueux pour faire demander à ces Princesses qu’il leur plût de lui accorder une audience ; comme il avoit intention d’éviter un refus, cherchant un sujet propre à lui faire obtenir cette faveur, il s’adressa au beau-pere de Zerbeke ; en effet, il ne pouvoit employer personne qui fût plus agréable à sa Reine, elle étoit certaine de la fidélité de cet Officier ; &, dans un tel sentiment, elle écouta plus volontiers le conseil qu’il lui donnoit de dissimuler une partie de son courroux ; il lui fit envisager prudemment que, tant que le Tyran seroit le maître, elle avoit intérêt à ne le pas pous-