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ET LA PATIENCE.

coupables d’entre ses complices avoient péri le jour de l’arrivée des Princes ; mais il en restoit qui n’avoient trempé dans ses crimes que par la seule crainte d’éprouver sa fureur, & qui, sans cette appréhension, ne lui auroient pas gardé le secret, n’y ayant eu que leur propre intérêt qui les y eût contraints malgré eux. Une femme de la Reine étoit dans cette circonstance ; elle s’étoit vue forcée de servir d’instrument à une des plus noires actions qu’il eut commises ; & lorsqu’il fut arrêté, son zele & ses remords lui firent connoître la grandeur de sa faute : mais comme ce crime étoit de ceux qui, encore qu’involontaires, ne méritent point de grâce, elle se tut par timidité, appréhendant que son repentir ne fût pas suffisant pour mériter le pardon de l’action effroyable dont elle avoir été complice.

Cette personne auroit demeuré dans le silence toute sa vie, en balançant toujours entre la nécessité qui l’obligeoit à garder ce secret, ou celle qui sembloit la devoir porter à se sacrifier à l’importance de la chose, & à le découvrir au risque de ce qui lui en devoit arriver, quand elle apprit que Mouba étoit enfin condamné à être haché vif, supplice ordinaire aux criminels de leze-majesté au Pays d’Angole.