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ET LA PATIENCE.

riosité que leur en inspiroit le sujet. Merille, Benga, & ses sœurs, qui étoient présents, n’en témoignant pas une impatience moins vive, firent qu’elle ne balança point à promettre à cette femme, pour elle-même, la grace qu’elle demandoit que l’on fît espérer à Mouba ; ajoutant que, de quelque nature que fût son crime, non-seulement elle le lui pardonnoit, mais encore l’assuroit d’une récompense proportionnée à l’importance du secret.

Cette femme, paroissant plus tranquille après une telle assurance, déclara à la Reine, qu’abusant de la commodité qu’elle avoit eue, lorsque cette Princesse avoit donné le jour à Merille, elle avoit soustrait l’enfant qui étoit né après elle, en ayant substitué un à sa place, qui étoit mort lorsqu’elle l’apporta dans l’appartement ; que c’étoit ce dernier qui avoit été montré au Peuple au-lieu du Prince d’Angole, après avoir livré celui qui l’étoit véritablement, & qui se portoit bien, à un Esclave de Mouba, qui l’attendoit par ses ordres.

L’importance de cette nouvelle causa une émotion générale ; & toute la compagnie s’intéressant au sort de cet enfant, flottoit entre la crainte que le Tyran ne l’eût