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LE TEMPS

le supplia si instamment de faire réflexion, qu’il mettroit un obstacle à sa fortune s’il l’éloignoit de lui, puisque l’arrêt de sa destinée attachoit la condition de Sujet à son bonheur, & que son inclination étoit si conforme à la volonté du Destin, que, s’il le forçoit à monter sur un Trône, il seroit de lui une victime couronnée, son affection pour son frere, & son respect pour son Roi ne lui permettant jamais d’être heureux ailleurs qu’auprès de lui, que Kuba cessa de résister ; &, touché des marques si pressantes de la tendresse qu’il lui témoignoit, il le laissa dans la condition privée où il se desiroit ; mais il la lui rendit si brillante, qu’il n’y eut pas de Souverain en Asie qui eût sujet de se croire plus heureux. Celui qui avoit passé pour le beau-pere de Zerbeke, & à qui, en cette qualité, ce Prince avoit tant d’obligation, succéda aux dignités de Mouba, ainsi qu’à son pouvoir, sans pour cela prendre pour modèle le criminel abus que ce Prédécesseur avoit fait de son autorité ; au contraire, il s’appliqua à punir sévérement le vice, & à faire triompher sa vertu : celle que l’Affranchie de la Reine avoit témoignée, & son zele pour sa Maîtresse, furent dignement récompensés, ainsi que la Femme de sa chambre,