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LE TEMPS

jeune Balkir est assez téméraire pour être touché des bontés de Faramine, & je crains, avec de justes raisons, que cet outrage n’excite votre courroux ; mais je ne vous cache point que je mourrois de douleur, s’il arrivoit quelque accident aux uns ou aux autres.

Broukandork ravi de ce discours, qui lui offroit une occasion de plaire à Merille, de se rendre heureux, et tout ensemble de faire un extrême déplaisir à sa femme, (ce qui n’étoit point une des circonstances la moins flatteuse pour lui,) ne balança pas à promettre de renvoyer les Princes, sacrifiant à sa maîtresse le ressentiment de l’audace de Balkir. Mais il ne pouvoit point exécuter ce dessein à force ouverte, parce que Faramine étoit femme à troubler leur projet, en égorgeant elle-même ceux qu’il avoit dessein d’épargner. Il falloit donc user d’adresse, & il n’en trouva point de plus sûre que de mener ces jeunes gens à la chasse, d’où il pourroit leur rendre la liberté. Merille approuva l’expédient ; & Broukandork en ayant parlé comme d’une grace qu’il leur vouloit faire, ils s’y préparerent tous avec joie.

Les Princes, informés par leur sœur du succès de sa feinte, parurent recevoir avec beaucoup de reconnoissance, l’hon-