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LE TEMPS

de vous repentir d’y être venue. Quoique j’aie paru à la porte, ce n’est pas moi qui l’ai ouverte, je n’aurois pu la passer ; le bruit que vous avez fait en-dehors, la fait ouvrir, & elle s’est refermée aussi-tôt que vous êtes entrée, sans que j’y aie touché. Il n’y a que l’effroyable Maître de ce lieu qui ait le secret de l’ouvrir par dedans. Tout ce que je puis faire pour vous témoigner mon affection, c’est, ajouta-t-elle, de retarder votre malheur pendant quelque temps, mais il n’est pas en mon pouvoir de vous en préserver tout-à-fait ; venez, je vais vous conduire dans le lieu où je couche, & où il n’entre jamais ; je n’en sais pas la raison, mais il ne passe point le seuil de ma porte : il faut, ajouta-t-elle, que vous feigniez d’ignorer le danger où vous êtes, lorsque je vous présenterai à lui, & que vous agissiez comme si c’étoit volontairement que vous fussiez venue ici. Vous êtes chez le cruel Angoulmouëk, exposée, sans espoir de secours, à sa tyrannie.

Elle finissoit ces mots, & la Princesse, ranimée par cette foible espérance, se préparoit à passer la nuit auprès de l’esclave, quand les portes du Palais s’ouvrirent avec un si grand bruit, que Merille retomba dans une nouvelle épouvante ;