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ET LA PATIENCE.

de chemin sans trouver personne qui pût nous instruire de la route qu’il falloit prendre, nous apperçûmes ce Palais. La joie que sa vue nous causa, fut d’autant plus grande que la nuit survenoit, & qu’un orage, qui commençoit à s’élever, nous faisoit appréhender de ne pas être à notre aise en attendant le jour ; ce qui nous obligea à doubler le pas pour y arriver. Nous en trouvâmes la porte fermée ; mais ayant frappé modestement, elle s’ouvrit, & se referma aussi-tôt que nous l’eûmes passée, sans que nous vissions personne qui eût pu l’ouvrir, ni qui l’eût fermée. Cet événement ne me semblant pas de bon augure, je demeurai interdite, & Zelima ne le fut pas moins ; mais nous n’eûmes pas le temps de nous témoigner nos appréhensions réciproques, parce que nous en fûmes saisies d’une plus grande, à l’affreux aspect du Géant Angoulmouëk.

Je vous laisse à penser, belle Merille, de l’effet que produisit sur nous cette terrible apparition ; il ne fut pas question d’essayer à fuir, les portes étoient fermées, & de plus, le monstre ne nous en auroit pas donné le temps, quand nous en aurions eu la force ou la commodité.

Bon pour moi, s’écria-t-il, en jettant