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LE TEMPS

ce qu’elle venoit d’entendre. Merille, que la douleur avoit presqu’accablée, ne pouvoit goûter cet espoir ; & la crainte qu’il ne fût vain, le lui faisoit envisager comme une chose impossible : mais Benga le considérant autrement, en fut transporté de joie ; s’appuyant sur son courage, il ne douta point que les difficultés ne s’applanissent, puisqu’il avoit couché dans ce Palais, ce qui lui donnoit une certitude que le Temps étoit adouci, & que la divine Patience ne tarderoit pas à leur ramener le bon Temps.

Merille contestoit sur la vraisemblance que son amant trouvoit à leur prochain bonheur : Comment le ferez-vous arriver, lui disoit-elle ? j’avoue que votre valeur est secondée d’un sabre ; mais par où vous y prendrez-vous pour atteindre à cette tête qu’il faut couper ? Espérez-vous que le Géant aura la complaisance de le mettre à genoux pour vous en donner la facilité, & qu’il recevra docilement le coup que vous lui voulez porter, tandis qu’il n’auroit qu’un mot à dire pour vous faire devenir bœuf ou mouton ? Encore, continua-t-elle, s’il étoit permis de le surprendre endormi ; j’aurois quelque sorte d’espérance ; mais il faut que cette action se passe en plein jour, qu’il soit éveillé,