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LE TEMPS

lui étoit impossible, lui dit qu’elle étoit tout près de la porte, & qu’il avoit un moyen fort aisé de se satisfaire, pourvu qu’il ne perdît point de temps. Courez donc, ajouta-t-elle, allez chercher des outils pour agrandir le trou, & vous y passerez la tête. Il n’est pas besoin d’outils, dit-il, j’ai les dents assez bonnes. A ces mots, il gratta & rongea les ais avec tant de force & de diligence, qu’il y eut bientôt fait un passage. Il se coucha à l’instant sur le dos ; &, ne se donnant pas le temps de le mettre à son aise, il poussa sa tête de force dans la place que ses dents lui venoient de faire : jette-moi vîte sa main, dit-il à l’Esclave, en ouvrant la gueule d’une façon épouvantable ; & dépêche-toi, ajouta t-il, car je ne suis pas à mon aise.

Sa vue & cette action augmentant la fureur où Benga étoit contre lui, il s’avança à la portée de ses regards. Angoulmouëk, lui dit-il fiérement, regarde-moi, je vais terminer ta vie criminelle : il achevoit à peine ces mots, que, sans lui donner le temps de se reconnoître, ne lui ayant laissé que celui de le voir & de l’entendre, il profita de la surprise où la vue d’un homme le mettoit, pour l’empêcher de faire agir son pouvoir, & lui sépara la tête des épaules par un seul coup.