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LE TEMPS

formidable portant le remede aux maux qu’elle devoit causer.

Quand toutes les transformations magiques furent cessées, & que les Libérateurs de ces infortunés en eurent reçu les témoignages de reconnoissance qui leur étoient si légitimement dûs, il fut question de pourvoir à leur subsistance, l’herbe ni le foin ne leur étant plus propres ; mais on n’eut pas de peine à leur donner une nourriture plus convenable : le Palais étoit rempli de toutes sortes de provisions délicieuses & inépuisables, parce que le Magicien en avoit pourvu ces lieux, espérant que la facilité que son fils trouveroit à s’en servir, l’empêcheroit de penser à manquer à son serment, en recherchant encore de si détestables ragoûts.

Ce changement de fortune ayant été l’ouvrage de la Patience, cette charmante vertu, qui résiste courageusement aux plus cruelles adversités, ne se crut pas obligée de résister à la douceur de paraître au milieu de ceux qu’elle combloit de ses bienfaits. Elle se rendit visible, & leur fit connoître qu’elle amenoit le bon Temps : Vous me revoyez, leur dit-elle, sans témoigner de courroux à ceux qui l’avoient si souvent chassée, je n’aurois pas dû re-