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LE TEMPS

tion ne vient pas de moi ; c’est la paresse qui vous la suggere. Je vous ai invités d’attendre le bon Temps, mais non pas de négliger ses faveurs, ni d’oublier votre Patrie ; le Temps fatal est passé, & vous êtes nécessaires chez vous pour remplir des devoirs qui vous rendroient en quelque sorte coupables du crime de parricide, si vous les négligiez. Mes inclinations & mes leçons ne consistent pas à exciter ceux de qui je prends soin à se livrer à une molle & honteuse indolence, elles ne vont qu’à faire soutenir avec courage les contre-temps qui arrivent, & à observer prudemment la volonté du Temps, sans entreprendre de le forcer. Enfin, loin d’exiger que vous restiez davantage en ce lieu, je vous invite à prendre au plutôt le chemin d’Angole, où votre présence est absolument nécessaire.

La proposition de la Patience fut une loi pour ceux à qui elle parloit, il fut donc question de se préparer au départ, & de pourvoir à celui de tous ceux qui devoient leur délivrance à Benga & à Merille. La reconnoissance qu’ils avoient d’un si grand bienfait, les portoit tous à suivre leur fortune, & à dépendre entièrement de leurs Libérateurs ; mais cette multitude les auroit embarrassés, ils accep-