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LE TEMPS

mais, graces au Ciel, je suis au-dessus de ces bagatelles, & ma félicité est réelle.

A cet entretien succéda l’offre de prendre un repas rustique, tel qu’ils en avoient pris ci-devant. La peur de le désobliger, fit qu’ils l’accepterent avec les témoignages les plus vifs d’une sincere reconnoissance.

Almenza fut le plus sensible à la douceur de ce repas frugal ; il n’avoit abandonné la vie paisible qu’à regret ; & si l’amour que lui avoit inspiré la belle Zelima n’eût emporté la balance, il auroit laissé partir sa famille pour demeurer auprès de ce vrai Philosophe. Mais quoique sa passion eût trop d’empire sur son cœur pour lui permettre de faire une action qui l’éloigneroit de l’objet de ses vœux, il ne put résister au desir de passer encore une nuit dans cette paisible retraite ; & le sage Roi les y ayant invités, il témoigna si ouvertement le plaisir que lui faisoit cette proposition, que ses compagnons y consentirent, plutôt pour l’obliger, que par rapport à eux, à qui il étoit fort indifférent.

Almenza supplia le Roi, de qui il connoissoit la sagesse, de consulter le Ciel pour savoir si leur mauvaise fortune étoit épuisée. Le généreux Solitaire, qui ne