Page:Villetard - Histoire de l’Internationale.djvu/377

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bre de la Commune, « ni d’assassinats, ni de vols, ni de voies de fait ; on dirait que la police a entraîné avec elle à Versailles tous ses amis conservateurs. » Les cocottes[1] avaient suivi leurs protecteurs en fuite, les hommes de la religion, de la famille, et, surtout, de la propriété. À leur place, on voyait surgir les vraies femmes de Paris, — héroïques, nobles, dévouées, comme les femmes de l’antiquité. — Paris travaillant, pensant, combattant, saignant, oubliant presque, dans son incubation de la nouvelle société, les cannibales à ses portes, et rayonnant dans l’enthousiasme de son initiative historique !

En face de ce nouveau monde à Paris, regardez le vieux monde à Versailles, — cette Assemblée des goules de tous les régimes défunts : légitimistes et orléanistes, prêts à s’abattre sur la carcasse de la nation, — avec une queue de républicains antédiluviens, sanctionnant, par leur présence dans l’Assemblée, la rébellion des propriétaires d’esclaves, comptant, pour le maintien de leur république parlementaire, sur la vanité du saltimbanque sénile placé à sa tête, et parodiant 1789 en tenant leurs hideuses réunions dans le Jeu de Paume. La voilà, cette Assemblée, le représentant de tout ce qui est mort en France, maintenue vivante par les seules épées des généraux de Louis Bonaparte. Paris, toute vérité ; Versailles, tout mensonge ; et ce mensonge débité par la bouche de Thiers.

Thiers a dit à une députation des maires de Seine-et-Oise: « Vous pouvez vous fier à ma parole, à laquelle je n’ai jamais manqué ! » Il dit à l’Assemblée elle-même qu’ « elle était l’Assemblée la plus librement élue et la plus libérale qu’eût jamais eue la France ; » il dit à sa soldatesque bigarrée qu’elle est l’admiration du monde, la plus belle armée qu’ait jamais possédée la France ; » aux provinces, il dit que le bombardement de Paris est

  1. En français dans le texte.