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Page:Villetard - Histoire de l’Internationale.djvu/388

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holocauste, a enveloppé dans les flammes de son bûcher les édifices et les monuments. Lorsqu’ils déchirent le corps vivant du prolétariat, ses gouvernants ne doivent plus s’attendre à rentrer triomphalement dans leurs maisons intactes. Le gouvernement de Versailles crie à l’incendie ! et ce mot est répété par tous ses agents employés à la chasse des prétendus incendiaires de profession. La bourgeoisie du monde entier, qui avait regardé avec complaisance le massacre après la bataille, éprouve des convulsions d’horreur à la vue des briques et du plâtre profanés !

Quand les gouvernements donnent à leurs flottes l’ordre de « tuer, brûler et détruire, » n’est-ce pas là autoriser l’incendie ? Quand les soldats anglais mettaient le feu au Capitole, à Washington, et au palais d’été de l’empereur de Chine, n’étaient-ils pas des incendiaires ? Quand les Prussiens, non pour des motifs militaires, mais tout simplement par vengeance, brûlaient, à l’aide du pétrole, des villes comme Châteaudun et des villages sans nombre, n’étaient-ils pas des incendiaires ? Quand Thiers, pendant six semaines, bombardait Paris, sous le prétexte qu’il ne voulait mettre le feu qu’à des maisons où il se trouvait du monde, n’était-il pas un incendiaire ? Dans la guerre, le feu n’est-il pas une arme aussi légitime qu’une autre ? Les bâtiments occupés par l’ennemi sont bombardés pour les incendier. Si les défenseurs sont forcés de se retirer, ils y mettent le feu eux-mêmes pour empêcher les assaillants de s’en servir. Être brûlés a toujours été le sort inévitable des édifices voisins des champs de bataille. Mais, dans la guerre des esclaves contre leurs maîtres, la seule guerre qui puisse se justifier, cet usage ne doit pas être admis ! La Commune n’a employé le feu que comme moyen de défense. On s’en est servi pour fermer aux troupes de Versailles ces longues avenues ouvertes expressément pour l’usage de l’artillerie ; on s’en est servi, pour couvrir sa retraite,