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Page:Villetard - Le Japon, 1879.djvu/132

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LE JAPON.

ble posture l’arrêt de ses juges ; s’il veut protester, on lui ferme la bouche et on lui fait baiser la poussière. Plusieurs malheureux défilent ainsi tour à tour en quelques minutes pour écouter leur arrêt de mort. Immédiatement après cette lecture, ou les ramène en cango dans la prison, où l’exécution a lieu moins d’une heure après que la sentence a été prononcée. Nul intervalle n’est laissé au juge pour réparer l’erreur qui aurait pu l’entraîner malgré lui à condamner un innocent ; aucun pourvoi ne peut faire entendre la voix de la clémence une fois que la justice a parlé, et le condamné n’a plus qu’à mourir. Les exécutions se faisaient généralement à huis clos dans l’enceinte de la prison : on ne procédait en public qu’à celles qui étaient ordonnées en expiation de quelque crime dont l’opinion publique avait été particulièrement émue.

Jadis, au Japon comme en France, on avait recours pour faire périr les condamnés à un grand nombre de supplices divers, inventés avec d’effroyables raffinements de cruauté. Depuis quelques années ces usages barbares ont été abandonnés au Japon, comme ils l’avaient été chez nous dans la dernière partie du xviii siècle.

Il n’y a plus aujourd’hui à Yédo que deux façons d’exécuter les condamnés. Les uns ont la tête tranchée d’un coup de sabre, les autres sont attachés à un poteau muni d’un trou par lequel passe une corde au moyen de laquelle on les étrangle. Ce dernier genre d’exécution rappelle beaucoup celui qui est encore usité en Espagne, le garrote vil. Autrefois en France la mort par la corde était considérée comme le plus humiliant des supplices, les nobles avaient le privilège d’être décapités. Au Japon il en est tout autrement. La mort par strangulation, quoique plus cruelle puisqu’elle est plus lente, est considérée comme une peine moins humiliante que la décapitation.

Les exécutions se font par fournées. Les malheureux sont