Quoique toutes les villes du pays, à en juger par les quelques plans contenus dans divers ouvrages, et notamment dans celui de M. Humbert, aient leurs rues percées en ligne droite et se coupant à angle droit, cette régularité n’est nulle part plus absolue, ni surtout plus sensible qu’à Nagoya, où toutes les maisons sont uniformément composées d’un rez-de-chaussée surmonté d’un seul étage, et couvertes de toits en tuiles qui les débordent de tous les côtés et les assombrissent. La ville de Nagoya, qui a encore près de deux cent mille habitants, ne semble pas à même de leur offrir de grandes distractions. M. Bousquet, qui l’a visitée, ne nous parle ni de ses théâtres ni de ses temples, et il remarque qu’elle n’a ni places, ni ronds-points, ni rien de ce qui contribue à donner à une ville de la gaieté et de l’animation. Il raconte qu’il n’y était encore venu avant lui qu’un seul Européen : c’était un professeur français, qui, après avoir séjourné quelque temps dans le meilleur hôtel de la cité, y avait inscrit en français sur la porte ce titre pompeux Hôtel du Progrès.
Nous citerons encore parmi les villes du Niphon qui peuvent intéresser nos lecteurs à des titres divers, Nikko, à trente lieues environ nord-nord-est d’Yédo, située dans des montagnes, où de nombreux ruisseaux et des cascades magnifiques entretiennent une fraîcheur délicieuse. La route qui y conduit depuis Yédo franchit à quelques lieues de la capitale le cours du Tone Gaoua. À partir de ce fleuve jusqu’à Nikko, elle est bordée de deux rangées de magnifiques arbres verts. C’est dans cette ville que se faisaient enterrer les shogouns : c’est en quelque sorte le Saint-Denis du Japon. Le plus magnifique de ces tombeaux est celui de Gongen Sama ou Iyeyas, l’un des plus grands princes qui aient régné sur ce pays. Les détails en sont merveilleux, non seulement par la richesse et la beauté des matériaux, mais aussi par la finesse de l’exécution. Cependant l’ensemble est plus admirable encore. « Au pied du temple de Gongen Sama, dit M. Bous-