Page:Villetard de Laguérie - La Corée, indépendante, russe, ou japonaise.djvu/126

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lent des yeux qu’on n’a pas réussi à rendre terribles, sur deux socles carrés sans caractère.

Des deux côtés de la porte, et sous la voûte, au milieu du va-et-vient des attachés et des domestiques du Palais, se tenaient des gens affublés du pantalon et de la veste trop courts du Pompier frétillant, coiffés d’un feutre entouré d’une tresse de laine rouge à bouts retombants comme les bas Bretons ou les Auvergnats de cafés-concerts. La posture immobile qu’ils s’efforçaient de conserver devait être l’attitude d’une faction, et en approchant, je reconnus que les objets longs, que leurs mains novices ne savaient comment porter, étaient des fusils à piston récemment tirés d’un magasin où ils avaient eu tout le temps d’amasser la couche de rouille qui faisait leur plus bel ornement.

Quand ils m’ont vu descendre de ma chaise à porteurs et venir à eux, suivi de mon escorte, ces pauvres soldats ont fait tous les efforts les plus méritoires pour présenter les armes ; ceux qui n’avaient pas leurs fusils ont couru les chercher et se sont mis en position sous l’œil courroucé de mes yang-ban, au milieu de la cour où je les ai rencontrés.

Nous étions dans le vestibule, au milieu d’un carré de grandes cages closes de treillages verts montés, comme au Japon, sur double glissière parallèle. Quelques-unes étaient ouvertes et laissaient voir des soldats, tranquillement assis en tailleur, la pipe à leurs moustaches, non loin d’un fourneau sur lequel fumait quelque cuisine.