Page:Villetard de Laguérie - La Corée, indépendante, russe, ou japonaise.djvu/144

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L’invasion japonaise conduite par le chogoun Yedeyoshi au xvie siècle fut acceptée comme la sanction de cet oracle. Les croyants se montrent toujours de bonne composition, en Corée et ailleurs.

Quand les troupes chinoises eurent balayé les Japonais, le roi Ouen-Moun-Choung accomplit le vœu de Kong-Min-an. Des démons le tourmentaient au Palais Neuf : ils y venaient la nuit couper les cheveux des domestiques. Pour éviter ces brimades, le roi fit bâtir le Palais des Mûriers.

Quand il fut entièrement achevé et prêt à recevoir ses hôtes, Ouen-Moun-Choung fit appeler le célèbre écrivain (ce mot implique aussi peintre et poète), An-souk-Poong, et lui ordonna de composer en idéogrammes un nom sur une tablette qui serait fixée au-dessus de la grande porte d’entrée de l’édifice.

An purifia d’abord son corps pendant cent jours et ne mangea aucune viande. Puis il écrivit Houng-ouha-Moun, « la porte du changement rajeunissant », « du renouvellement de la jeunesse », « de Jouvence ».

Dès qu’il eut terminé ce travail, il sentit son bras s’alourdir et graduellement la paralysie le gagna au point que jamais plus il ne composa un poème, c’est-à-dire ne dessina un caractère. La lune ne voulut pas éclairer un pareil malheur et les nuits menaçaient d’être toujours obscures, quand un soir les lettres mêmes de l’inscription émirent une lumière tellement vive, que toute la rue qui conduit au Palais fut éclairée. Le phénomène dura et le roi nomma l’avenue « Rue de la Lumière éclatante ». Malheureusement,