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295 millions de yen, c’est-à-dire plus de la moitié de l’indemnité chinoise, à des armements.

Le Japon se met donc en mesure de décliner un « conseil amical » que certains événements pourraient forcer les Puissances à lui renouveler, et de tenter d’accomplir, malgré elles au besoin, tous les desseins que l’acquisivité et l’humeur batailleuse de ses habitants, jointe à leurs forces réelles et à l’opinion très avantageuse qu’ils en ont, leur inspireront en Extrême-Orient.



Pareil programme implique nécessairement des ressources abondantes et permanentes. Est-ce bien le lot départi à la nation japonaise ? L’indemnité de guerre payée par la Chine, en y comprenant le rachat du Liao-tong et l’entretien de la garnison japonaise de Weï-haï-weï, a pu dépasser 900 millions. (Les oscillations du Kouping tael, base de son évaluation, entre 3 fr. 50 et 4 fr. 50, obligent à une conversion en gros.) Le Trésor mikadonal n’a, pour autant, rien de commun avec la bourse du Kalender, fils de roi, qui se remplissait toute seule ; et à force d’y puiser les lourds millions réclamés pour l’accroissement de l’armée et de la flotte, en moins de dix ans, on en verra le fond.

En dehors de cette fortune accidentelle et passagère, réédition de l’ère prussienne des milliards, le Japon a-t-il un budget richement alimenté par une population capable de supporter des charges fiscales