Page:Villetard de Laguérie - La Corée, indépendante, russe, ou japonaise.djvu/315

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à Chimonoseki et depuis, par l’occupation de la baie de Kiao-tchao, qu’elle le comprend.

La France ne peut pas voir avec satisfaction les sujets du Mikado utiliser sa protection au Siam pour lui faire concurrence. Elle sait qu’on fait traduire en secret, à Tokyo, les mémoires de l’amiral Courbet et sa correspondance. Déjà au moment du traité de Chimonoseki, des Japonais très notables nous disaient : « Pourquoi intervenir entre nous et la Chine ? Nous ne nous sommes pas occupés de ce que vous avez fait à Tonkin ! » — Et de grands personnages n’appelaient notre protectorat que le Tonkin de la Chine. Les fréquentes visites de missions ou d’officiers japonais au Tonkin ne nous rapporteront rien de bon et ne sont certainement pas bien intentionnées.

Le Japon s’est posé comme le champion des Jaunes et leur émancipateur prédestiné. Tôt ou tard nous aurons à compter avec cet avatar asiatique de la doctrine de Monroë et nous avons intérêt à ce que son protagoniste ne devienne pas assez fort pour nous gêner sérieusement.

Le succès de la Russie ou du Japon dans leurs projets sur la Corée amènerait donc, par le seul fait des compensations à donner aux autres puissances, l’explosion d’une guerre dont personne ne pourrait actuellement préjuger l’étendue et les conséquences.

Le seul moyen de l’éviter et de concilier tous les intérêts est de faire de concert, en Corée, et pour le bien de tous les peuples civilisés, ce qu’on a jus-