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J. VILLEY.

d’énergie potentielle chimique. Pour provoquer la réaction, il faut porter le mélange, en l’un de ses points, à une température suffisante pour vaincre les forces chimiques qui tendent à maintenir ses molécules. Ce rôle de la température peut s’expliquer, au moins en partie, par l’action des chocs mutuels, de plus en plus intenses à mesure qu’elle s’élève. Elle peut aussi agir directement sur la stabilité propre de la molécule : L’énergie cinétique de translation des molécules, qui se manifeste par la pression gazeuse, doit s’accompagner en effet, non seulement d’énergie cinétique de rotation, comme on l’a déjà signalé au paragraphe 19, mais vraisemblablement aussi d’énergie cinétique vibratoire des atomes à l’intérieur de la molécule, tendant à les libérer des liaisons chimiques qui les assemblent.

L’atome lui-même est constitué de noyaux et d’électrons réunis entre eux par des forces d’attraction intra-atomiques. Mais, si l’on écarte le cas particulier exceptionnel des corps radioactifs, ces édifices sont stables, l’énergie potentielle correspondante ne subit que les variations momentanées et faibles qui correspondent aux absorptions et émissions des rayonnements spécifiques de l’atome, et aux ionisations signalées plus loin.

Seuls les atomes des éléments radioactifs sont sujets à des transformations profondes, dans lesquelles ils sont détruits en donnant naissance à des atomes d’autres éléments simples plus légers, d’ailleurs projetés en général avec des énergies cinétiques importantes. Cette rupture de liaisons intra-atomiques correspond à du travail effectué contre les forces qui réalisaient ces liaisons, autrement dit à une augmentation de l’énergie potentielle correspondante, à laquelle s’ajoute encore l’énergie cinétique de projection. Cette double apparition d’énergie ne paraît explicable que si elle est empruntée à une réserve d’énergie cinétique intra-atomique. On est ainsi conduit à penser que les éléments constitutifs de l’atome, sont animés de mouvements intenses, et en particulier que ses électrons doivent se mouvoir très rapidement sur des orbites où leur énergie cinétique les maintient malgré l’attraction du noyau : l’énergie potentielle correspondante peut ainsi avoir et conserver une valeur non nulle.

Il y a lieu de noter que les transformations radioactives semblent n’être absolument pas influencées par la température. Cela conduit à conclure que l’énergie cinétique intra-atomique ne dépend pas de l’énergie cinétique des molécules, résultat opposé à celui que nous