Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/234

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toujours aussi sublimes… que votre inspiration saura les susciter. Ici, vous n’aurez du moins pas à craindre d’être incompris, comme avec la vivante : vous aurez seulement à prendre attention au temps gravé entre les paroles. Il vous sera même inutile d’articuler, vous-même, des paroles ! Les siennes répondront à vos pensées, à vos silences.

― Ah ! si c’est, à ce point, une comédie que vous me proposez de jouer perpétuellement, répondit lord Ewald, c’est une offre à laquelle je ne puis que me refuser, ― je dois vous le déclarer.


II

Rien de nouveau sous le soleil


Et j’ai reconnu que cela même était une vanité.
L’Ecclésiaste.


Edison, à ce mot, posa sur la table, auprès de l’Andréïde, l’instrument lumineux qui suffisait à l’autopsie de sa créature, et relevant le front :

― Une comédie, mon cher lord ? dit-il : mais, est-ce que vous ne consentez pas à la jouer toujours avec l’original, puisque, d’après vos confidences mêmes, vous ne pouvez que lui cacher ou lui taire à jamais votre arrière-pensée, par politesse ?

Oh ! qui donc serait assez étrange, sous le soleil, pour essayer de s’imaginer qu’il ne joue pas la comédie jusqu’à la mort ? Ceux-là seuls qui ne savent pas leurs rôles prétendent le contraire. Tout le monde la joue ! forcément ! Et chacun avec